Dieu vient nous sauver

 

Quatrième dimanche de l’avent, 18 dĂ©cembre 1977; Lectures : IsaĂŻe 7,10-14; Romains 1, 1-7; Matthieu 1,18-24.

 

Dieu vient. Nous sentons notre pessimisme, notre confusion, et malgrĂ© le fait que l’horizon de la vie et de l’histoire nous semble fermĂ©, Dieu vient et nous ouvrira les chemins de la lumière. Il nous demande seulement d’y rĂ©pondre par la foi et la confiance en Lui. Ă€ la lumière de cette proximitĂ©. Et vivant profondĂ©ment cette espĂ©rance, nous devons reflĂ©ter avec cette joie du cĹ“ur qui n’est pas une joie superficielle, comme plusieurs ont pendant la pĂ©riode de NoĂ«l, mais plutĂ´t l’allĂ©gresse profonde qui provient de la foi. Nous devons la reflĂ©ter sur les rĂ©alitĂ©s qui nous entourent parce que nous sommes des gens qui ont les pieds sur terre et qui vivent dans l’histoire et qui ne peuvent faire abstraction de leurs convictions, de leurs espoirs intimes, des humains qui sentent aussi les rĂ©percussions de la rĂ©alitĂ© qui les entourent. Chacun porte ses propres rĂ©alitĂ©s, ses problèmes personnels, chaque famille aussi possède son histoire et la famille des familles qui est la patrie, construit Ă©galement son histoire et le Règne de Dieu que forment ceux qui dĂ©sirent humblement suivre le Christ, le RĂ©dempteur. Le Christ l’a dĂ©fini ainsi : soyez comme la levure dans la pâte, la lumière du monde, le sel de la terre, c’est cela l’objet de cette prĂ©dication dominicale.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Dieu a un plan pour sauver le monde

2) L’Église est chargée de prolonger ce plan de Dieu dans l’Histoire

3) La réaction des hommes, ce que Dieu attend pour sauver le monde

 

 

1) Dieu a un plan pour sauver le monde

 

Le premier point est qu’il existe un plan de Dieu pour sauver le monde, l’apĂ´tre saint Paul nous l’a dĂ©crit aujourd’hui avec une parole inĂ©galĂ©e (Rom. 1, 1-5) : « Paul, serviteur du Christ JĂ©sus, apĂ´tre par vocation, mis Ă  part pour annoncer l’Évangile de Dieu, que d’avance il avait promis par ses prophètes dans les Écritures, concernant son Fils, issu de la lignĂ© de David selon la chair, Ă©tabli Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de saintetĂ©, par sa rĂ©surrection des morts, JĂ©sus-Christ notre Seigneur, par qui nous avons reçu grâce et apostolat pour prĂŞcher, Ă  l’honneur de son nom, l’obĂ©issance de la foi parmi tous les paĂŻens. Â» Qu’est-ce que cela veut dire? Que Dieu n’improvise pas, que Dieu prĂ©voit la chute de l’homme, la rupture du dialogue qui s’était Ă©tabli Ă  partir des origines de l’Histoire, mais Dieu a prĂ©vu Ă©galement la RĂ©demption. Une RĂ©demption dans laquelle, son Fils, viendrait personnellement sur terre. Et ici la Parole de Dieu qui nous est rapportĂ©e dans l’Évangile de saint Matthieu (1,18-24) nous dĂ©crit ce projet Ă©ternel de Dieu. Il ne s’agissait pas lĂ  d’une utopie, cela fut annoncĂ© un jour comme un signe, au moyen d’un prophète, IsaĂŻe (7,10-14), qui fit face au roi. Achaz, affligĂ© parce que deux rois voisins, celui d’IsraĂ«l, de la partie nord de la Palestine, et celui de Syrie, de Damas, avaient conspirĂ© contre lui pour lui enlever son trĂ´ne. Achaz recherchait l’appui du puissant roi d’Assyrie, pour qu’il vienne Ă  sa dĂ©fense 18/12/77, p.73-74, III.

 

 

Le Projet du Salut

 

Un jour naĂ®t le Christ Ă  BethlĂ©em, oint par l’Esprit saint. Il n’a pas Ă©tĂ© le produit d’une union charnelle d’homme et de femme, Il a Ă©tĂ© engendrĂ© miraculeusement et il naĂ®t sans porter atteinte Ă  la virginitĂ© de sa mère, Celui qui va apporter une chair immaculĂ©e pour l’immoler sur la croix pour le Salut de tous les hommes. Et un jour, trois jours après sa mort, Il est ressuscitĂ©. Et cette chair de la Vierge fait homme en JĂ©sus, va aussi comme Fils de Dieu s’asseoir Ă  la droite de Dieu le Père. Et lĂ  vit Ă©ternellement le Fils de David selon la chair, conçu par l’Esprit comme Fils de Dieu. Et depuis le ciel Il nous envoie son Esprit Divin, c’est ici que se situe le projet de Dieu. Cet Esprit divin conquit par le Fils de David qui devint par la rĂ©surrection Fils de Dieu, est un Esprit qui peut envahir tout homme qui veut se laisser entraĂ®ner par cette force de RĂ©demption. Saint Paul, ne l’oubliez pas, Ă©crit aux Romains. Ces gens de l’Empire romain Ă©taient paĂŻens, ils n’étaient pas Juifs, et Paul leur dit : « Ă€ vous tous, que Dieu aime et a appelĂ©s Ă  faire partie de son peuple saint, je vous souhaite la grâce et la paix de Dieu Notre Père et celles du Seigneur JĂ©sus-Christ. Â» Cela veut dire que cette RĂ©demption projetĂ©e par Dieu est arrivĂ©e Ă  tous les hommes, sans exception. 18/12/77, p. 75, III.

 

 

Tous sont appelés au pardon

 

Tous ceux qui se sentent pĂ©cheurs, qui sentent que leurs pĂ©chĂ©s sont impardonnables, qui sait si ne m’écoute pas actuellement celui qui a la main tachĂ©e du sang du père Grande, celui qui a tirĂ© sur le père Navarro, celui qui a tuĂ©, qui a torturĂ© et a fait tant de mĂ©chancetĂ©s, entends-moi dans ton antre de criminel, peut-ĂŞtre t’es-tu dĂ©jĂ  repenti de ce que tu as fait, toi aussi tu es appelĂ© au pardon. Lorsque j’ai dĂ©noncĂ© la violence, j’ai toujours ajoutĂ© le repentir de ton pĂ©chĂ© parce que tu es fils de Dieu. Paul prĂŞche aux Romains, Ă  ce peuple paĂŻen oĂą abondaient les crimes, les injustices, et il leur dit : « Vous aussi ĂŞtes appelĂ©s Ă  cette RĂ©demption en JĂ©sus-Christ, celui qui est nĂ© de la Vierge Marie. Â» Et cette RĂ©demption qui est celle du pĂ©chĂ© parce qu’ainsi l’a annoncĂ© l’ange Ă  Joseph : « Tu l’appelleras JĂ©sus parce qu’Il va pardonner les pĂ©chĂ©s du monde. Â» C’est de lĂ  que part la libĂ©ration chrĂ©tienne. 18/12/77, p. 75, III.

 

 

Ministère de l’Église : la libĂ©ration

 

Lorsque maintenant nous luttons pour les droits humains, la libertĂ©, la dignitĂ©, lorsque nous sentons qu’il s’agit lĂ  d’un ministère de l’Église de se prĂ©occuper de ceux qui ont faim, de ceux qui n’ont pas d’école, des victimes de l’exclusion, nous ne nous Ă©loignons pas de cette promesse de Dieu qui est venu pour nous libĂ©rer du pĂ©chĂ©. L’Église sait que les conclusions du pĂ©chĂ© sont toutes ces injustices et ces outrages. C’est pourquoi l’Église sait qu’elle sauve aussi le monde lorsqu’elle parle de ces choses. Le Pape (Paul VI) recueillant l’écho des Ă©vĂŞques rĂ©unis en Synode, en 1974, a dit : « La clameur de millions d’êtres humains, apportĂ©e par les Ă©vĂŞques Ă  Rome, demandant Ă  l’Église une aide dans leur libĂ©ration Ă  laquelle l’Église ne peut demeurer sourde, elle se prĂ©occupe de promouvoir la libĂ©ration du pĂ©chĂ© et de toutes les consĂ©quences du pĂ©chĂ©. Â» Et il prononça cette phrase qui est Ă©crite dans l’encyclique Evangelii Nuntiandi : « L’Église accepte la lutte des hommes pour la libĂ©ration, mais elle l’incorpore au projet de RĂ©demption universel. Â» Qu’est-ce que cela veut dire? L’Église continue de construire le plan du Salut de Dieu, elle ne s’en Ă©loigne pas et lorsqu’elle voit chez les gens, chez les peuples d’AmĂ©rique latine, l’angoisse de leur libĂ©ration, elle incorpore cette angoisse, cette lutte Ă  la libĂ©ration chrĂ©tienne en JĂ©sus-Christ. L’Église dit Ă  tous ceux qui travaillent pour la libĂ©ration qu’une libĂ©ration sans foi, sans le Christ, sans espĂ©rance, une libĂ©ration de violence, de rĂ©volutions, n’est pas efficace ni authentique. Elle dit que la libĂ©ration doit partir de la RĂ©demption en JĂ©sus-Christ, de la RĂ©demption du pĂ©chĂ©. Que rien ne sert de changer les lois et les structures tant que les humains ne se rĂ©noveront pas de l’intĂ©rieur en se repentant de leurs pĂ©chĂ©s et en tentant de vivre plus justement! 18/12/77, p. 75-76, III.

 

 

2) L’Église est chargée de prolonger ce plan de Dieu dans l’Histoire

 

L’Église a reçu de Dieu la charge et le Pape vient de le dire à l’ambassadeur du Salvador à Rome, qu’on ne fasse pas obstacle à cette évangélisation, à cette prédication, à ce projet salvateur de Dieu que l’Église a aussi le devoir de développer au Salvador sans entrave aucune. Ce sera la liberté que l’Église a toujours proclamée et qu’elle ne cessera pas, même enchaînée, même si on lui dit de se taire. Frères, l’Église ce n’est pas seulement les évêques et les prêtres, l’Église c’est vous, les baptisés, la famille chrétienne, les professionnels, les étudiants, les ouvriers, les paysans. C’est-à-dire que l’Église prolonge ce plan sauveur du Christ. Je veux faire un appel spécial à vous tous, les baptisés, pour que vous vibriez, palpitiez avec l’enthousiasme du plan de Dieu, un plan que personne ne peut arrêter, un plan qui doit se réaliser parce que Dieu le veut, parce qu’Il veut sauver les hommes en Jésus-Christ, qu’Il veut nous donner à connaître au moyen de la Vierge Marie qui donna à Dieu l’Emmanuel, le Dieu avec nous. Cela est notre grand devoir, notre sainte obligation de chrétien. 18/12/77, p.76, III.

 

 

3) La réaction des hommes, ce que Dieu attend pour sauver le monde

 

Et en dernier lieu, mes frères, observons bien la rĂ©action des humains vis-Ă -vis du plan de Dieu qui continue d’être le plan de l’Église. Nous rencontrons ici des personnages intĂ©ressants, en premier lieu nous faisons la connaissance d’un roi, qui sous prĂ©texte d’une fausse religion dit (Is 7,10-14) : « Je ne veux pas tenter Dieu, je ne veux pas demander ce signe que tu me proposes. Â» Et le prophète le reprend : « Ce n’est pas pour ne pas tenter Dieu, c’est parce que tu veux suivre les projets des hommes, parce que tu fais davantage confiance Ă  la puissance des armes, au roi d’Assyrie qu’aux projets de Dieu. Â» Et ce rejet de la promesse de Dieu est triste parce qu’en peu d’annĂ©es, ce roi Ă©tranger venu pour secourir Achaz va envahir ce pays et amener en captivitĂ© le peuple de Judas.

 

C’est une manière de rejeter Dieu, c’est une manière de rĂ©agir devant les projets de Dieu, triste manière, le rejet. Combien rejettent en ce moment la prĂ©dication de l’Église au Salvador, en la dĂ©prĂ©ciant, en la calomniant? Comme aux pharisiens, JĂ©sus-Christ pourrait leur dire : « Hypocrites, vous n’entrez pas en ce Règne de Dieu, ni ne permettez que d’autres y entrent. Â» Frères, j’en appelle Ă  votre maturitĂ© pour que vous ne vous laissiez pas sĂ©duire, pour que vous ne vous laissiez pas envelopper par la fausse religiositĂ© du Roi Achaz, pour que vous ne rejetiez pas l’humble parole qui demande des sacrifices, qui demande des renoncements, qui demande l’égalitĂ©, qui demande l’amour. 18/12/77, p.77, III.

 

 

L’Heure de l’Épreuve

 

Observez comment, frères, même en matière de foi il peut y avoir des épreuves difficiles. Pourquoi cela se produit-il? Cela ne peut provenir de Dieu. N’est-il pas vrai que dans le cœur de chacun a surgi cette tentation plus d’une fois? C’est l’heure de l’épreuve, c’est l’heure où le projet de Dieu veut s’imposer non pas parce que les hommes croient que cela est possible, mais parce qu’Il nous aime et que pour l’amour de Dieu il n’a rien d’impossible. Qui aurait pu croire qu’un Dieu allait se faire homme et qu’Il serait déprécié et méprisé, et qu’Il mourrait sur une croix? 18/12/77, p. 78, III.