La Perspective Ă©ternelle

 

Trente-troisième dimanche du temps ordinaire; 13 novembre 1977 : Lectures : Malachie 4,1-2a; II Thessaloniciens 3,7-12; Luc 21,5-19.

 

Journée de la Paix

 

Paul VI nous dit : « La violence peut provenir de personnes ou de groupes dĂ©diĂ©s Ă  une frĂ©nĂ©sie de domination (le pouvoir) ou Ă  une frĂ©nĂ©sie de consommation (l’avoir) - la soif de possĂ©der, la convoitise, l’avarice - frĂ©nĂ©sies qui tendent indubitablement Ă  limiter ou Ă  supprimer la vie des autres personnes ou des sociĂ©tĂ©s humaines (racisme, gĂ©nocide) et inclusivement l’imposition par la force d’une structure politique ou Ă©conomique injuste et discriminatoire. Â»

 

Ce sont lĂ  les paroles du Saint-Siège. Ce ne sont pas des paroles dĂ©magogiques de l’évĂŞque de San Salvador. Ce ne sont pas des paroles subversives des Ă©vĂŞques du continent rĂ©unis Ă  MedellĂ­n. Ce que firent les Ă©vĂŞques Ă  MedellĂ­n, ce fut de donner un nom Ă  ce que vient de dĂ©crire la parole du Saint-Siège. Les Ă©vĂŞques Ă  MedellĂ­n dirent : « Il existe une injustice, une violence institutionnalisĂ©e, une soif, une frĂ©nĂ©sie pour le pouvoir, une frĂ©nĂ©sie de maintenir le pouvoir, de maintenir l’économie, et ils sont capables, dans leur soif pour se maintenir, d’outrager des vies et la sociĂ©tĂ© entière. Â» C’est cette violence que l’on nomme la violence institutionnalisĂ©e. Contre cette violence il n’est pas surprenant que surgisse la violence insurrectionnelle, et ce qu’affirme le Vatican dans son communiquĂ© : « La violence peut se caractĂ©riser aussi par la manière de rĂ©agir de ceux qui sont ou se croient opprimĂ©s, et dont l’aspiration Ă  la vie et la justice en arrive Ă  exploser. Violence des faibles, de ceux qui sont privĂ©s des droits les plus fondamentaux. Â» Deux formes de violence existent : celle qui opprime d’en haut, politiquement et Ă©conomiquement, et celle qui rĂ©agit contre cette violence. « Ces deux aspects, poursuit le Vatican, peuvent ĂŞtre difficiles Ă  distinguer car l’injustice peut ĂŞtre rĂ©ciproque. Â» Dans les deux cas, il peut y avoir de l’injustice.

 

« Ă‰videmment, dans le premier cas, l’injustice qui existe en est une d’oppression, de rĂ©pression, de vouloir possĂ©der plus, de vouloir ĂŞtre puissant, au prix de la rĂ©pression des plus faibles. « Ă©videmment, dans le premier cas cela vaut, mais dans le second, c’est souvent le cas Ă©galement. Â» Jamais je ne dĂ©fendrai, ni aucun catholique ne peut dĂ©fendre la violence injuste, mĂŞme si cela provient du plus opprimĂ©. Il existera toujours une injustice si nous transgressons la Loi de Dieu. Et le communiquĂ© se termine en disant : « Le pĂ©chĂ© s’introduit et il tend Ă  mettre des notes diaboliques dans les relations de personnes en conflit : haine, trahison, cruautĂ©, torture, nĂ©gligence envers les innocents, reprĂ©sailles. Â» Dans les deux violences, le dĂ©mon introduit le pĂ©chĂ©. Et si l’Église parle contre l’une et l’autre, ce n’est pas parce qu’elle est du cĂ´tĂ© des riches ou des pauvres, des puissants et des faibles. Elle est du cĂ´tĂ© du Christ, qui lutte contre le pĂ©chĂ©, peu importe oĂą se trouve le pĂ©chĂ©, que ce soit dans le pouvoir, dans la richesse ou Ă©galement chez les pauvres opprimĂ©s. Le pĂ©chĂ© est contre Dieu, et la violence qui se souille du pĂ©chĂ© est une violence que l’Église ne peut tolĂ©rer. 13/11/77, p.315-316, I-II.

 

Nécessité du dialogue

 

Tous ceux qui ont dit que j’incite à la violence, jusqu’à encourager à tuer des gens, sont des calomniateurs, et j’ai le droit de les amener devant les tribunaux pour calomnies; chose que, s’il est nécessaire, je ferai.

 

Cela coĂŻncide avec cette pensĂ©e de LĂ©on XIII dans Rerum Novarum. Sans aucun doute, nous affirmons que tous les efforts que les humains font seraient vains s’ils n’écoutent pas l’Église, et cela pour quatre raisons : « L’Église est celle qui tire de l’Évangile la doctrine nĂ©cessaire pour rĂ©gler les contentieux ou Ă  tout le moins, pour leur enlever toute aspĂ©ritĂ© et les rendre ainsi plus doux. Â» C’est la première raison pour laquelle l’Église doit ĂŞtre prĂ©sente dans ces situations de conflits, parce qu’elle est celle qui porte l’Évangile et Ă  partir de celui-ci, elle sort les raisons qui peuvent rĂ©gler ou attĂ©nuer les conflits, afin qu’ils ne se terminent pas en violence ou en haine.

 

Seconde raison : Parce que l’Église « travaille non seulement Ă  instruire l’entendement, mais Ă  diriger par ses prĂ©ceptes, la vie et les coutumes de tous et de chacun. Â» Le ministre, les ouvriers, les paysans, nous tous, si nous sommes vraiment des catholiques ou des croyants en JĂ©sus-Christ, Ă  tout le moins, nous savons qu’il existe une idĂ©ologie et une morale auxquelles nous devons obĂ©ir individuellement et collectivement. Et l’Église est celle qui enseigne cette doctrine et cette morale.

 

Troisième raison : « L’Église fait la promotion, dans plusieurs institutions indispensables, de l’amĂ©lioration de la situation des prolĂ©taires. Â» Si nous avions le temps ici, nous ferions une grande liste des Ĺ“uvres que l’Église rĂ©alise dans les quartiers populaires, parmi les pauvres, chez les ouvriers et les paysans. C’est la gloire de l’Église d’être prĂ©sente Ă  cette promotion humaine. Et c’est prĂ©cisĂ©ment pour cela qu’on la critique et la calomnie et que circule autant de dĂ©sinformation sur son compte. Mais, mes frères, je suis très fier d’appartenir Ă  cette Église qui est en train d’éveiller la conscience paysanne et ouvrière, non pour en faire des subversifs (nous avons dĂ©jĂ  dit que la violence pĂ©cheresse n’est pas bonne), mais pour que le peuple sache ĂŞtre le sujet de son propre destin, qu’il ne soit plus une masse endormie. Que ce soit des hommes et des femmes qui sachent penser, qui sachent exiger. C’est cela, la gloire de l’Église, et en aucune manière elle n’a honte lorsqu’on cherche Ă  la confondre avec d’autres idĂ©ologies, parce que nous voyons bien qu’il s’agit lĂ  de calomnies, qu’on veut faire de la fumĂ©e pour confondre et discrĂ©diter ce rĂ´le promoteur de l’Église.

 

En quatrième lieu : « L’Église est prĂ©sente parce qu’elle unit les pensĂ©es et les efforts de toutes les classes pour trouver remède aux nĂ©cessitĂ©s des ouvriers, pour qu’on croie qu’on doive employer Ă©quitablement le poids de la loi et qu’on doive l’accepter et que cette loi doit ĂŞtre appliquĂ©e avec discernement Â», c’est-Ă -dire avec justice. Que les lois ne soient pas seulement les porte-parole d’une classe dirigeante qui n’entend pas le travailleur, mais qu’elles Ă©coutent l’un et l’autre. L’Église dit que les lois justes proviennent de Dieu et pour qu’elles soient observĂ©es par les travailleurs et par les patrons, elles doivent correspondre Ă  la dĂ©finition de saint Thomas d’Aquin : « C’est une ordonnance de la raison de celui qui dĂ©tient le pouvoir en fonction du bien commun. Â» Tant qu’une loi ne remplit pas ces conditions, elle n’est pas une loi, c’est de la partialitĂ©. 13/11/77, p.317-318, I-II.

 

La Perspective Ă©ternelle

 

Le sens eschatologique de l’Église signifie l’ultime, la finalité de l’Histoire et de l’homme vers où marche cette société. Cette finalité est irrationnelle. Comment peuvent vivre les humains sans la foi? Comment peuvent s’organiser les hommes et les femmes, seulement pour les choses de la Terre, sans posséder une finalité eschatologique? C’est pourquoi l’Église parle dans les conflits. C’est pourquoi elle a une parole efficace dans les situations les plus difficiles de la Terre, parce qu’elle ne perd jamais de vue sa perspective éternelle. Pourquoi ont été créés les hommes? Pourquoi s’organisent les pays? Pourquoi s’organisent les communautés? C’est pourquoi Paul VI, parlant de la libération de l’homme, appelle les libérateurs à ne pas perdre de vue cette perspective eschatologique, parce que c’est elle qui donne force et originalité à la participation de l’Église au sein des forces libératrices.

 

C’est à partir de cette perspective que l’Église se définit. Elle ne se confond pas avec des motifs libérateurs de la Terre. C’est pourquoi il est ridicule de dire que les prêtres sont communistes. Il est ridicule de dire que les catéchistes qui prêchent la doctrine de l’Église sont devenus marxistes. À ce qui est athée, matériel, l’Église ne peut correspondre. Naturellement, à partir de la perspective terrestre, où règnent le péché et l’injustice, on peut confondre les revendications du communisme, des organisations ouvrières, des paysans et de l’Église, mais celle-ci conserve son regard toujours bien haut pour voir la fin vers laquelle est dirigée cette libération. À quoi cela servirait-il que les cueilleurs gagnent beaucoup d’argent si cela était destiné aux tavernes et aux bordels, comme cela se produit malheureusement trop souvent?

 

À quoi servirait-il de prêcher la promotion humaine si cette promotion ne visait qu’à avoir plus d’argent? À quoi cela servirait-il d’aller à l’université, de gagner plus, frénésie de l’avoir, comme nous en fait part le document que je vous ai lu aujourd’hui? Plusieurs n’étudient et ne travaillent que pour cela, pour avoir plus d’argent. Ils ont perdu la vision eschatologique. 13/11/77, p.319, I-II.

 

Le Jour du Seigneur

 

Aujourd’hui, la première lecture nous parle du prophète Malachie. (4,1-2a). Une Parole qui, chez les prophètes, est classique; c’est le Jour du Seigneur. Cela se passe avant l’exil Ă  Babylone, comme un jour de châtiment : « Ce peuple abuse; il a oubliĂ© l’Alliance avec le Seigneur. Il y a des injustices. Les puissants abusent de leur pouvoir, les riches exploitent le pauvre. Le Jour du Seigneur viendra. Â» Et quand arriva le jour de la dĂ©portation des IsraĂ©lites Ă  Babylone, tous furent amenĂ©s : les rois puissants et le peuple; Le Jour du Seigneur Ă©tait arrivĂ©. Alors, les prophètes donnèrent un nouveau sens au Jour du Seigneur. Ce sera l’espĂ©rance du jour du retour Ă  la Terre promise. Et Dieu, par le moyen de ses prophètes, visita le peuple opprimĂ©, souffrant comme en Égypte ou Ă  Babylone, semant l’espĂ©rance; et le peuple retourna Ă  JĂ©rusalem.

 

Le temple Ă©tait comme le symbole de ce Dieu qui secourt dans les Ă©preuves. Le Jour du Seigneur Ă©tait un jour d’espĂ©rance; c’était un jour de justice. Il accomplit la justice. C’est ce que signifiait, au fond, l’expression biblique : « Le Jour du Seigneur viendra. Â» Nous ne devons pas craindre le jour de notre mort. Nous devons l’espĂ©rer comme l’espĂ©rait saint François d’Assise, si nous avons vĂ©cu avec le sens de l’exilĂ© Ă  Babylone, comme celui qui espĂ©rait la libĂ©ration en Égypte, attendant la RĂ©demption Ă©ternelle de ce Christ qui ne peut mourir. C’est le Jour du Seigneur qu’annoncent les lectures d’aujourd’hui (Mal 4,1-2; 2 Tes 3,7-12; Lc 21,5-19). Â» 13/11/77, p.319-320, I-II.

 

La Seconde Venue du Christ

 

La Seconde Venue du Christ, c’est le Christ qui viendra juger les vivants et les morts, comme le proclame notre credo. Observez la double perspective de l’Évangile et des prophéties bibliques, en parallèle avec les faits historiques que nous vivons actuellement et qui nous font remonter au but ultime de l’Histoire, à la mort de chacun d’entre nous, à la fin de notre existence. Cela se nomme l’eschatologie. Et cette espérance du Jour du Seigneur, la théologie l’appelle la Parousie; l’espérance de la seconde venue du Christ.

 

Le Christ reviendra. C’est la difficultĂ© du christianisme : vivre entre les deux venues du Christ. Il est venu humble. Il s’est fait enfant pour souffrir, pour sauver le monde. Il ressuscita et Il vit actuellement dans son Église, mais d’une manière invisible. Cette Église, comme l’épouse dont le mari est au loin, soupire pour Lui. L’Église vit cette espĂ©rance. Vous allez le dire vous-mĂŞmes, voix de l’Église, lorsque j’élèverai l’Hostie, qui est le Christ encore cachĂ©, et vous dites : « C’est le mystère de la foi Â»; c’est notre espĂ©rance, ce Christ qui nous enseigne et que nous ne voyons pas. Alors le peuple proclame, comme l’épouse amoureuse, « Nous annonçons ta mort et nous proclamons ta rĂ©surrection, Â» c’est-Ă -dire, Viens Seigneur JĂ©sus.

 

Viens, c’est le cri qui fait vivre l’Église. Viens, c’est l’espĂ©rance du cĹ“ur. Bienheureux ceux qui peuvent dire qu’ils espèrent, comme la comparaison suivante que fit le Christ : Un gardien qui surveille une maison la nuit, attendant que son patron revienne d’une fĂŞte, ne dort pas; il demeure aux aguets. C’est ainsi que doit ĂŞtre la vie chrĂ©tienne. On prĂŞchait si intensĂ©ment cette seconde venue du Christ dans les premiers temps de l’Église, que plusieurs en vinrent Ă  penser qu’elle Ă©tait toute proche; mais l’Évangile de saint Luc (21,8-9), oĂą le Christ lui-mĂŞme nous parle, nous dĂ©trompe : « Prenez garde Ă  ne pas vous laisser Ă©garer, car beaucoup viendront en prenant mon nom; ils diront : « C’est moi Â» et « le moment est arrivĂ© Â»; ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayĂ©s. Car il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitĂ´t la fin Â» et, Il continue en annonçant les persĂ©cutions.

 

C’est cela, le difficile du christianisme : Quand viendra le Seigneur? Quand l’épouse aimĂ©e qui soupire dans l’espoir de vivre dans le bonheur auprès de son Ă©poux, va-t-elle rĂ©aliser son idĂ©al? Pas avant que cette heure ne soit arrivĂ©e. Saint Paul dĂ©nonce cette mĂŞme erreur dans la communautĂ© de Thessalonique comme on le voit dans ses deux Ă©pĂ®tres aux Thessaloniciens. Ce sont deux Ă©pĂ®tres de la Bible qui contiennent la meilleure doctrine sur l’eschatologie parce que l’erreur que saint Paul tente de corriger, c’est que le retour du Seigneur n’est pas si proche qu’on le croit et qu’il existe beaucoup de tromperies. C’est ce qui l’amène Ă  prononcer ces dures paroles (2 Tes 3,10) : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Â» 13/11/77, p.320-321, I-II.

 

Les Devoirs Temporels

 

Observez ici comment l’Église, espérant son Ciel, n’oublie pas la Terre. Proclamez la nécessité du travail et du juste salaire au travailleur, parce que nous ignorons combien de temps va durer cette antichambre de cette attente, de ce Ciel. Celui qui, avec une espérance du Ciel, néglige ses devoirs temporels, dit le Concile Vatican II, offense Dieu, ne fait pas le bien à son prochain et met en danger son propre Salut. Les paresseux n’entreront pas au Ciel.

 

Ceux qui ne se promeuvent pas et ne travaillent pas, n’entreront pas dans ce Règne de la diligence de l’amour, parce que la première charitĂ©, c’est de ne pas ĂŞtre un poids pour les autres. Saint Paul disait : « Prenez exemple sur moi qui, comme apĂ´tre, pourrait vous exiger un salaire afin de me dĂ©dier uniquement Ă  la prĂ©dication.

Regardez, je travaille. Â» Saint Paul travaillait, il Ă©tait tisserand. Lorsqu’il ne prĂŞchait pas, il tissait, fabriquant des tissus pour les vendre, et avec cet argent, il se nourrissait et faisait la charitĂ©. Il n’était Ă  la charge de personne. C’est pourquoi l’Église n’enseigne pas la subversion. Une manifestation qui n’aurait pas comme objet la revendication de choses justes, mais qui aurait simplement pour but de faire le mal, l’Église le rĂ©prouverait.

 

Mes frères, l’Église, en ce temps d’espĂ©rance, maintient en alerte ses chrĂ©tiens, en alerte parce que le Jour du Seigneur viendra lorsque nous nous y attendrons le moins. Nous ignorons si ce sera pour demain ou pour plus tard, dans plusieurs annĂ©es ou dans plusieurs siècles. L’Évangile est rempli de ces surprises, comme le voleur qui arrive lorsqu’on ne l’attend plus, comme les vierges qui s’endormirent et quand arriva le mari, leurs lampes s’étaient Ă©teintes. « Vigilance - leur dit le Christ - parce qu’on ignore le jour et l’heure. Â» Que faisons-nous pendant ce temps?

 

Pendant ce temps, mes frères, le travail, comme disait saint Paul. Le travail intime de chacun qui est, comme le Christ nous enseigne : « Vivre fidèle au Règne de Dieu. Â» Et si pour cela nous devons souffrir la persĂ©cution, qu’il est bon de nous rappeler ces paroles du Christ Ă  l’archidiocèse de San Salvador (Lc 21,12-13) : « Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et on vous persĂ©cutera; on vous livrera, on vous mettra en prison; on vous traĂ®nera devant des rois et des gouverneurs Ă  cause de mon nom. Cela vous donnera l’occasion de rendre tĂ©moignage. Â» 13/11/77, p.321-322, I-II.

 

La Persécution

 

Lorsqu’on accuse l’archevêque de prononcer des sermons subversifs, lorsqu’on a le front de dire que, par sa faute, on a tué deux policiers dans le cimetière, lorsqu’on accuse l’Église de violence, nous connaissons déjà les deux classes de violence. Les plus violents ne sont-ils pas ceux qui tentent de maintenir cette violence institutionnalisée et qui cherchent à discréditer la voix de l’Église qui n’est pas d’accord avec eux? N’utilisent-ils pas ces mêmes calomnies dont font usage ceux qui appartiennent au groupe des violents?

 

« J’ai enseignĂ© publiquement, disait le Christ, demandez Ă  ceux qui m’ont entendu Â». Jamais je n’ai dit une parole de violence. Grâce Ă  Dieu, l’Esprit du Seigneur m’aide Ă  dire ce que je dois dire et je me sens la conscience tranquille en disant ce que je dois dire.

L’Esprit de Dieu me souffle, véritablement, comme le dit l’Évangile (Lc 21,12-13) d’aujourd’hui, les paroles qui doivent être dites. Il est naturel que l’interférence humaine, mes défauts, mes erreurs, mes limites, peuvent prêter à de fausses pensées, à des paroles peut-être dissonantes. Qu’en pensez-vous mes frères? Ayez la charité de me corriger. Dites-moi ce qu’il vous semble. Dialoguons, comme nous l’avons fait si souvent. Et grâce à Dieu, puis-je être davantage fidèle à la pensée que je dois transmettre, celle de notre Seigneur. 13/11/77, p.322-323, I-II.

 

Pierre d’assise

 

Mes frères, vous vous demandez si votre christianisme est authentique? VoilĂ  en quoi consiste la pierre d’assise : Avec qui suis-je bien? Qui est-ce qui vous critique? Qui est-ce qui vous fĂ©licite? Vous reconnaĂ®trez ici ce que le Christ a dit un jour : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais la division; et il y aura des divisions jusque dans les familles, Â» parce que certains dĂ©sirent vivre plus commodĂ©ment, selon les principes de ce monde, du pouvoir et de l’argent, et d’autres, en Ă©change, ont compris l’appel du Christ et doivent refuser tout ce qui ne peut ĂŞtre juste en ce monde. 13/11/77, p.323, I-II.