Le Christ, Roi messianique, Christ-Roi

 

20 novembre 1977; Lectures : II Samuel 5,1-3; Colossien 1,12-20; Luc 23,25-56.

 

Le peuple qui est en pèlerinage sur la Terre et qui marche guidé par l’Esprit du Seigneur et par son Divin Conducteur, le Christ, Roi des nations, parvient à la fin de cette année liturgique. L’année liturgique est le déploiement, tout au long de ces douze mois, de la personnalité de ce Roi et de son Règne, de ses caractéristiques. De sorte que, à cette hauteur, nous tous qui nous glorifions du titre de chrétiens, nous devrions être plus conscients du personnage que nous suivons, le Christ-Roi, et des caractéristiques du Règne auquel Il nous convie et nous admet par le baptême. Ce Règne, et ce Roi, sont bien incarnés sur cette Terre. Ce Règne concerne les hommes et les femmes bien concrets qui vivent dans l’Histoire. C’est pourquoi, en parvenant à la fin de cette année liturgique 1977, je suis heureux que nous ayons passé, avec notre pèlerinage, par les événements concrets de notre patrie, de notre société, de notre famille et par nos propres préoccupations personnelles.

 

Je vous remercie pour la patience que vous avez de m’écouter, parce que c’est nécessaire pour que l’Évangile du Règne de Dieu devienne nôtre, pour que nous tenions compte des réalités dans lesquelles le Règne de Dieu se développe et se vit ici au Salvador de 1977. Par exemple, cette semaine a été caractérisée par des actes de violence et de peur. Il serait bon d’analyser un peu les caractéristiques de cette violence et de cette peur, en remontant, si possible, jusqu’à leurs origines. Ce sont les hommes et les femmes qui créent les obstacles au Règne du Christ en ce monde. Le Christ ne veut pas de violence. Le Christ ne veut pas la terreur. Le Christ ne veut pas cette atmosphère de méfiance mutuelle, d’accusations, de calomnies. Ce sont là des obstacles au Règne de Dieu.

 

L’Église, comme mère, se solidarise avec les familles qui souffrent, avec ceux qui ressentent la séparation douloureuse d’un être cher mais elle ne peut pas être d’accord avec le fait qu’on tire partie de cette situation douloureuse pour inciter à la violence. Par ces signes, je reconnais le groupe qui a provoqué cette manifestation. Il se caractérise par une exagération que nous pourrions qualifier de fanatisme et c’est dangereux. Peu de jours avant, quand nous sortions de l’enterrement d’un paysan, je leur ai dit que le silence d’une manifestation est bien plus émouvant. Et après cela, n’ayant pas écouté la voix sereine de l’Église, on veut la rendre responsable de ce qui se produit lorsqu’on excite les passions en se prévalant de la douleur et de l’angoisse de la famille d’un défunt.

 

Il ne s’agit pas de réprimer tant de clameurs, mais de les discerner. Les clameurs qui ne méritent pas d’être entendues doivent être réprimées. Ce sont les voix du crime, des séquestrations, de toutes ces choses innombrables qui sont demeurées sans châtiment. Ces clameurs doivent être réprimées, peu importe d’où elles proviennent, même si elles proviennent de l’armée. Les abus doivent être punis. C’est pourquoi j’en appelle à la justice de notre patrie pour discerner et non pas pour réprimer sans faire de distinction. Ce qui est juste doit être entendu. Écoutez la juste clameur à laquelle on doit répondre par la justice, principalement de ceux qui détiennent entre leurs mains le pouvoir de la politique et de l’argent. Vous pourriez entendre tant de clameurs et rendre heureux tant de gens, si vous ne profitiez pas uniquement de cela pour en appeler à la répression à tout prix.

 

C’est de lĂ  que provient une campagne injuste de diffamation contre l’Église. L’Église proteste Ă  nouveau parce que sa prĂ©dication n’est pas de la haine ni de la violence. Je l’ai rĂ©pĂ©tĂ© mille fois : Comme le Christ Notre Seigneur, ma parole a rĂ©sonnĂ© en public et je dĂ©fie quiconque de dire que j’ai incitĂ© Ă  la vengeance, Ă  la haine ou Ă  la violence. La voix de l’Église a toujours Ă©tĂ© la voix de l’Évangile; elle ne peut pas ĂŞtre autre chose. Cet Évangile touche souvent des plaies vives et il est naturel que cela soit douloureux; mais c’est la voix de l’Évangile et la rĂ©ponse ne doit pas ĂŞtre la diffamation contre son message qui ne peut ĂŞtre autre chose que celui du Christ Roi.

 

Au lieu de cette rĂ©colte de discordes, je fais appel Ă  tous ceux qui possèdent des plantations de cafĂ©, de coton, de cannes Ă  sucre et tout ce que la terre produit et Ă  ceux qui vont collaborer Ă©galement Ă  ses rĂ©coltes. Les uns et les autres sont des fils de Dieu, bĂ©nis par cette terre prodigue. Un peu d’amour… rien de plus… non seulement la lĂ©galitĂ©. Les lois ne sont pas suffisantes. Parce que ce proverbe contient une grande vĂ©ritĂ© : « Faire une loi, c’est faire une trappe. Â» Il y a de nombreuses injustices lorsqu’on se contente simplement d’appliquer la loi sans amour. L’amour est l’âme de la justice chrĂ©tienne. L’amour est ce qui donne un sens divin aux lois humaines. S’il n’y a pas d’amour, les lois deviennent vite inutiles.

 

Plan de l’homĂ©lie :

 

1) Le Christ, Fils de David

2) Royauté prophétique

3) Règne sacerdotal

4) Règne eschatologique

5) Un Peuple sacerdotal

 

1) Le Christ, Fils de David

 

La seconde lecture, l’épître aux Colossiens (1,12-20), est une théologie précieuse de saint Paul sur les origines, non pas terrestres, comme David, mais divines, de ce Fils de Dieu qui s’est fait homme et qui, pourtant, est le véritable principe et la substance de toutes les choses. Il est la finalité vers laquelle converge tout le cosmos et duquel dérive toute la force de l’univers et, de l’Église, naturellement.

 

L’Évangile (Lc 23,25-56) nous prĂ©sente le trĂ´ne Ă©trange de ce Roi : une croix. Parmi les moqueries meurt le Roi. Mais Celui qui ne se rĂ©vèle pas devant les persĂ©cutions des puissants de son temps, est dĂ©couvert par un malfaisant repenti (Lc 23, 42) : « JĂ©sus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume. Â» Et le Christ lui rĂ©pond (cf. Lc 23,43) : « Aujourd’hui mĂŞme, parce que moi, mĂŞme si on me voit vaincu par les douleurs de la croix, je suis le Roi qui est en train de vaincre le monde par la douleur de l’expiation sur la croix. Aujourd’hui mĂŞme tu seras avec moi dans mon Royaume, dans mon paradis. Â» 20/11/77, p.332-333, I-II.

 

2) Royauté prophétique

 

L’annĂ©e liturgique dĂ©bute dimanche prochain par les dimanches de l’avent qui sont la prĂ©paration Ă  NoĂ«l. Cette pĂ©riode se prolonge jusqu’à l’Épiphanie. Cette pĂ©riode de l’annĂ©e proclame que cet enfant qui est nĂ© Ă  BethlĂ©em vient pour ĂŞtre le germe d’un Règne qui est dĂ©jĂ  commencĂ© sur Terre. C’est la VĂ©ritĂ© qui est venue, qui s’est faite homme. C’est pourquoi nous voyons que la caractĂ©ristique du Règne du Christ est le Verbe qui s’est fait homme, la Parole, la VĂ©ritĂ©, le Prophète. Le Christ est prophète. Sa royautĂ© est prophĂ©tique. C’est un Roi qui parle la Parole de Dieu et laisse un message : « Allez par le monde entier pour prĂŞcher ce que je vous ai enseignĂ©. Â»

 

C’est le Christ-Roi qui parle, comme un prophète, des vĂ©ritĂ©s du Règne de Dieu, des beautĂ©s de sa vĂ©ritĂ© et des tĂ©nèbres du pĂ©chĂ© qu’Il dĂ©nonce, pour que, dans l’Histoire, se purifient les ĂŞtres humains afin qu’ils soient dignes de ce Règne de la VĂ©ritĂ©. Il ne veut pas des hommes du mensonge. Lorsque devant Ponce Pilate qui lui demande : « Tu es roi? » Le Christ rĂ©pond oui et immĂ©diatement Il dĂ©clare que son Royaume est celui de la vĂ©ritĂ© : « C’est pour cela que Je suis venu en ce monde, pour proclamer la vĂ©ritĂ©. Â» Et le puissant Pilate, sceptique, parce qu’il ne croit pas Ă  la vĂ©ritĂ©, comme plusieurs aujourd’hui n’y croient pas non plus, lui demande avec scepticisme : « Mais qu’est-ce que la vĂ©ritĂ©? Â» C’est ainsi que vivent de nombreux hommes, tournant le dos Ă  la vĂ©ritĂ©, dĂ©prĂ©ciant la vĂ©ritĂ©. C’est pour cela que cette annĂ©e liturgique que nous concluons aujourd’hui, me remplit de joie. Le peuple a compris que le Règne du Christ est le Règne de la VĂ©ritĂ©.

 

L’Évangile qui a été choisi pour cette année est précieux; c’est celui de saint Luc. Il nous présente le magistère du Christ en route vers Jérusalem. Si nous nous rappelons maintenant les divers passages de l’Évangile que nous avons suivis cette année, tous ont été tirés de l’Évangile de saint Luc, présentés comme des épisodes qui cheminent vers Jérusalem. Nous sommes maintenant parvenus au sommet de Jérusalem qu’est le Calvaire. Le Christ est crucifié, mais son objectif, son parcours, a été un long enseignement de maître et celui d’un prophète qui a enseigné aux humains les béatitudes, le pardon, l’amour, la compréhension.

 

L’Évangile est l’unique chemin illuminé pour rencontrer la solution à nos problèmes. Et la lecture que nous en avons faite au cours du carême, de la Semaine sainte et de Pâques, est précisément pour apporter l’autre caractéristique de ce Règne du Christ, de ce Règne sacerdotal. Le Christ est le Fils de Dieu qui s’incarne, se fait homme dans les entrailles très pures de la Vierge Marie. Cette union de la nature divine avec la nature humaine d’une femme, donne cet ensemble, oint de la personnalité de Dieu qui se nomme le Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme. Et en tant qu’homme oint de la personnalité divine par l’Esprit saint, Il est le prêtre éternel. 20/11/77, p.333-334, I-II.

 

3) Règne sacerdotal

 

Marie conçoit dans ses entrailles un Dieu qui, en se faisant homme, devient prêtre, médiateur des causes humaines. C’est pour cela que Marie est aussi la Mère de l’Église. En cette fête du Christ-Roi, notre regard filial et affectueux se tourne vers la Vierge Marie, Mère du Christ, Mère du Prêtre Éternel. Et, comme Prêtre, le Christ monte à Jérusalem en silence. Il a déjà parlé et enseigné. Maintenant Il nous donne l’exemple du sacrifice suprême, sacerdotal, silencieux. Sur la croix, le Christ meurt… Le Christ meurt comme prêtre, prêtre qui donne sa vie pour la gloire de Dieu et pour le Salut des hommes et des femmes. Le Règne du Christ ne peut être conçu sans ce grand concept salvifique, messianique.

 

Lorsque les prophètes de l’Ancien Testament annonçaient la venue du Christ, ils confondaient cette double perspective : la perspective du messianisme temporel du Christ avec la perspective eschatologique, l’éternelle, oĂą le Christ va venir pour la consommation finale. Autrement dit, en venant au monde comme prĂŞtre, Il a donnĂ© un sens sacrĂ© Ă  la crĂ©ation; Il a orientĂ© tout ce qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© vers Dieu. Le Christ incarnĂ©, naissant, vivant parmi les hommes, c’est Dieu qui donne Ă  l’Histoire et Ă  l’univers, son sens divin, sa vĂ©ritable orientation.

 

Le Christ, PrĂŞtre et RĂ©dempteur

 

Sa première phase est celle que nous vivons actuellement, depuis sa première venue il y a vingt siècles, jusqu’à l’heure de la fin du monde, dont nous ignorons le moment. L’heure n’importe pas; ce qui importe c’est que dĂ©jĂ  nous faisions nĂ´tre la rĂ©alitĂ© de ce Roi qui est nĂ© de la Vierge Marie, que ce Roi vit Ă©ternellement parce qu’Il est mort sur la croix et qu’Il est ressuscitĂ©. Il ressuscita et Il est rempli de vie et sa vie Il l’offre Ă  ce peuple qui le suit. Ce Règne de la VĂ©ritĂ© et de la Vie est le Règne Sacerdotal. Tous les pĂ©cheurs rencontreront en Lui le pardon parce que son sang versĂ© sur la croix est le sacrifice qui obtint le pardon de tous nos crimes. C’est pourquoi, lorsqu’à partir de cette croix nous dĂ©nonçons les pĂ©chĂ©s qui marquent l’Histoire, nous appelons les pĂ©cheurs Ă  la conversion. Nous n’appelons jamais les victimes Ă  la vengeance, cela n’est pas chrĂ©tien. Au contraire, nous faisons appel Ă  celui qui a commis le crime : « Convertis-toi. JĂ©sus est mort aussi pour toi. Il t’attend pour te pardonner. Â»

 

Rien ne me dit que cette parole du PrĂŞtre Éternel, le Christ Roi, n’arrivera pas jusqu’à ces repères oĂą sont cachĂ©s tant de mains criminelles, tant d’hommes qui ont abandonnĂ© des morts et disparus. Rien ne me dit que la grâce du Christ ne les touchera pas. Convertissez-vous, revenez au Règne de l’amour oĂą ces situations sanglantes n’existent pas. Le Christ, le prĂŞtre, en cette première phase, nous donne le temps de nous repentir jusqu’à l’heure de notre mort, jusqu’à l’heure oĂą Il viendra pour juger les vivants et les morts. Alors, lorsque se terminera l’Histoire, le Christ terminera aussi sa mission sacerdotale, messianique, temporelle, pour initier alors le jugement final, dĂ©crit dĂ©jĂ  dans l’Évangile de saint Matthieu, jugement terrible, repoussant vers la gauche ceux qui n’ont pas voulu servir. Ă€ ceux de sa droite, il dira : « Venez, bĂ©nis de mon Père, entrez dans mon Royaume, un règne que J’ai conquis sur la terre et que Je livre maintenant Ă  mon Père pour qu’Il soit tout en toutes choses. Â»

 

Frères et sĹ“urs, j’envisage qu’en ce jour, nous serons Ă  la droite du Juge pour ĂŞtre appelĂ©s bĂ©nis du Père par le pardon sacerdotal du Christ. Et en Ă©change, dans la rĂ©probation seront ceux qui n’ont pas su profiter de sa misĂ©ricorde, ceux qui, au lieu d’entendre la voix misĂ©ricordieuse de l’Église, la calomnièrent et la mĂ©prisèrent; tous ceux qui s’opposent au Règne de Dieu; tous ceux qui pèchent contre l’Esprit Saint. Tous ceux qui font obstacle au Règne du Christ sur la Terre, s’ils ne se convertissent pas Ă  temps, la sentence est dĂ©jĂ  prononcĂ©e. Ils sont dĂ©jĂ  jugĂ©s dit le Christ. « Ă‰loignez-vous maudits, au feu Ă©ternel prĂ©parĂ© pour le dĂ©mon, le rebelle, et ses serviteurs. Parce que j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donnĂ© Ă  manger. J’ai eu soif et vous ne m’avez pas donnĂ© Ă  boire. J’étais nu et vous ne m’avez pas vĂŞtu. J’étais emprisonnĂ©, disparu, assassinĂ© et vous n’avez pas eu de misĂ©ricorde envers moi. Et surpris ils demanderont : « Quand Seigneur? » Et Il leur rĂ©pondra : « Chaque fois que vous avez maltraitĂ© l’un de mes frères, c’est Ă  moi que vous l’avez fait. Â»

 

Ah, si on pouvait savoir, frères et sœurs, qu’en cette heure du messianisme temporel du Christ, Il est incarné en chacun de nous, comme nous nous respecterions! Comme nous nous aimerions! Comme disparaîtrait cette exploitation de l’homme par l’homme! Il n’y a pas de classes sociales devant le Christ. Il est tout en chaque homme, jusque dans le plus repentant, jusqu’au plus riche. Le Christ est en tous et il n’est pas juste de haïr le riche, ni de déprécier le pauvre. C’est la loi de l’amour que le Christ veut établir sur la Terre.

 

C’est cela, le Règne temporel du Christ. Lorsqu’Il dit devant Ponce Pilate : « Mon Règne n’est pas de ce monde Â», et lorsqu’Il fuit devant les foules qui veulent le faire roi, ce n’est pas parce qu’Il ne possède pas de pouvoir sur les choses de la Terre, mais parce que cela Il l’a laissĂ© aux hommes pour qu’ils l’administrent selon sa volontĂ©. Le gouvernant, le lĂ©gislateur, le juge, ne sont pas propriĂ©taires de la patrie, ni des lois ni de la justice. Ils ne sont que des administrateurs du Règne du Christ. Ils se doivent d’administrer la justice, le gouvernement, le bien commun, selon la pensĂ©e du Roi Juste, du Roi Amour, du Roi Fraternel. Si un gouvernement n’accomplit pas sa tâche selon cette loi souveraine du Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui aussi sera un bois inutile qui sera jetĂ© au feu Ă©ternel. 20/11/77, p.334-336, I-II.

 

4) Règne eschatologique

 

Frères, c’est cela, l’Histoire Ă  la lumière du Christ Roi. Et lorsqu’arrivera la consommation finale, le Règne eschatologique, lorsque le Christ, marchant dans son pèlerinage lumineux vers le Règne des Cieux pour possĂ©der la fĂ©licitĂ© pour toujours, (tandis que les rĂ©prouvĂ©s iront vers leur châtiment Ă©ternel), comme Il sera fier de cette Église qui a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  construire le Règne de Dieu sur la Terre! Tous ceux qui sont rassemblĂ©s par ce Pasteur Divin, appartiennent au nombre de ceux qui se sauveront. Je ne dis pas que seuls ceux qui sont membres de l’Église se sauveront. « Oh! Dieu, toi qui Ă©tendis ta main misĂ©ricordieuse fais que ceux qui te cherchent, te trouvent. Â» Je vous ai dĂ©jĂ  expliquĂ© que parmi les religions paĂŻennes, non chrĂ©tiennes, qui n’ont pas connu le Christ, il y a des hommes et des femmes qui vivent selon une morale exemplaire, meilleure que celle de nombreux chrĂ©tiens. Ceux-lĂ  se sauveront tandis que de nombreux chrĂ©tiens ne se sauveront pas. Il ne suffit pas d’être dans le corps de l’Église en vivant dans le pĂ©chĂ©; il faut ĂŞtre dans le cĹ“ur de l’Église qui est le Règne du Christ. Et ceux qui sont au-dehors des limites gĂ©ographiques, visibles ou hiĂ©rarchiques de l’Église mais observent la loi de Dieu par l’illumination du Christ qui mystĂ©rieusement leur parvient, ceux-lĂ  sont dans le cĹ“ur de cette Église du Christ. Ils sont bien mieux que plusieurs qui appartiennent Ă  cette Église mais qui ne vivent pas son message.

 

C’est pourquoi il est nĂ©cessaire qu’à la lumière du Christ Roi, nous examinions ces trois catĂ©gories du Christ : prophète, prĂŞtre et roi. Ce sont les caractĂ©ristiques que le baptĂŞme a donnĂ©es Ă  chaque baptisĂ© pour qu’il collabore Ă  l’œuvre du Christ. Comme prĂŞtre, chaque chrĂ©tien doit collaborer pour que le monde soit consacrĂ© Ă  Dieu. Le père de famille, la mère de famille, les jeunes, les enfants, les baptisĂ©s, tous nous devons nous sentir peuple sacerdotal et faire en sorte que notre foyer, nos entreprises, nos « haciendas Â», nos fermes, nos commerces, notre travail et notre atelier, que tout cela soit illuminĂ© par cette rĂ©alitĂ© du Christ notre Seigneur. 20/11/77, p.336, I-II.

 

5) Un Peuple sacerdotal

 

Comme nous ferions le bien si au lieu de nous diffamer, de nous discréditer, de nous haïr, nous travaillions comme un seul peuple sacerdotal, cette nature créée par Dieu, en nous laissant orienter par le Christ. Comme prophète, le Christ nous a également fait participants de sa mission de porter sa Parole, son message. Le père de famille est prêtre et prophète en sa demeure. Il doit corriger et orienter. Le patron et le professionnel le sont également. Tout le monde ici en cette cathédrale possède une mission prophétique… la mission prophétique d’annoncer le Règne de Dieu, de dénoncer les péchés contre ce Règne et d’attirer le monde entier vers le Christ.

 

Finalement, la fonction prophétique du Christ Roi, sa réalité signifie un Règne social, un Règne de justice chrétienne, d’amour et de paix. Nous devons tous collaborer afin que les biens créés par Dieu, les récoltes qui sont sur le point d’être ramassées, les lois, les structures sociales, économiques et politiques, respectent les droits des fils de Dieu afin que le Règne de Dieu devienne vraiment une réalité qui ouvre les chemins à la prédication de l’Évangile.

 

Je vous invite à célébrer cette messe intimement unis à cette présence qui demeure invisible. Dans l’Hostie et dans le Calice on ne voit pas le Christ, mais Il est là. Et cela suffit à un chrétien. Le Christ est ici au milieu de la société chrétienne, au sein de ces communautés de base qui se réunissent pour réfléchir ensemble sur le message de l’Évangile. Ici en cette cathédrale, le Christ c’est vous, mes frères. Ce Christ vit. En Lui nous plaçons notre espérance. Ne désespérons pas. Certes, nous avons vécu une semaine qui semble initier une nouvelle phase de terreurs, de peurs et de violences.

 

Puisse Dieu que non! Les chrétiens, depuis peu, ne se laissent plus paralyser par la peur. Ils vivent dans leur cœur la certitude que le Christ vit. Il vit en nous offrant toutes les solutions à nos problèmes. Il nous demande uniquement de ne pas être sourds, et encore moins persécuteurs de son message. Il nous demande de l’écouter et d’essayer surtout de le vivre. Ne dénonçons pas chez les autres les fautes de nos maux. Regardons d’abord si nous vivons réellement comme de véritables disciples du Christ prophète, du Christ prêtre et du Christ Roi. 20/11/77, p.337, I-II.