Le carĂŞme, plan de Dieu pour transfigurer les peuples Ă  partir du Christ

 

Deuxième dimanche du carĂŞme; 2 mars 1980; Lectures : Genèse 15,5-12,17-18; Philippiens 3,17-4,1; Luc 9,28-36.

 

Recevez un salut fraternel depuis la Parole de Dieu, celle qui veut Ă©clairer la rĂ©alitĂ© de notre peuple. Je remercie Dieu de pouvoir compter sur cette collaboration si valeureuse de nos amis de l’extĂ©rieur de notre pays. Je vous supplie de savoir nous comprendre en nous dĂ©montrant votre solidaritĂ©, surtout dans la prière Ă  ce JĂ©sus, de qui le Père Ă©ternel dit ce matin (Lc 9,35) : « Celui-ci est mon Fils, l’Élu, Ă©coutez-Le. Â» Ma parole ne veut pas ĂŞtre autre chose qu’un humble Ă©cho de cette Parole de Dieu qui s’incarne en JĂ©sus-Christ et se fait lumière, orientation de tous les peuples et qui est l’impĂ©ratif le plus urgent que les ĂŞtres humains ont reçu de la part de Dieu qui nous a ordonnĂ© de l’écouter.

 

Introduction :

 

A) Le carême est une préparation pour célébrer les fêtes de notre Pâque chrétienne.

 

Nous cĂ©lĂ©brons la RĂ©demption; c’est pourquoi cette cĂ©lĂ©bration du carĂŞme ne peut se dĂ©sintĂ©resser des circonstances concrètes oĂą les peuples et les chrĂ©tiens cĂ©lèbrent cette pĂ©riode si significative : la RĂ©demption.

 

B) L’Histoire du Salut et la célébration de la Rédemption ne sont pas étrangères à l’histoire de chaque peuple.

 

C’est la mĂŞme chose que la libĂ©ration, le Salut. Et notre peuple a exactement besoin de cela : sa propre libĂ©ration… La prĂ©paration de notre Pâques, de notre Semaine sainte, du mystère de la RĂ©demption humaine, s’incarne si profondĂ©ment dans l’Histoire de notre peuple salvadorien que nous pouvons dire que c’est un carĂŞme, une Semaine sainte, fait pour nous. C’est la cĂ©lĂ©bration de notre RĂ©demption!

 

C) Le Christ transfiguré personnifie la célébration de notre Rédemption chrétienne et stimule l’espérance de notre libération nationale.

 

Et l’Évangile d’aujourd’hui nous prĂ©sente le Christ transfigurĂ©, personnifiant la RĂ©demption des hommes, l’espĂ©rance des peuples. Saint Luc situe cette scène de la transfiguration comme un prĂ©ambule pour monter Ă  JĂ©rusalem. « Il parlait de la passion Â», nous dit l’Évangile, et c’est un avis pour nous tous; le chemin de la RĂ©demption doit passer par la croix. Le chemin de la RĂ©surrection doit ĂŞtre le chemin du calvaire. Tout le sang de notre peuple doit s’unir au sang du Christ qui est versĂ© sur ce chemin douloureux. Tant le sang salvadorien doit ĂŞtre le prix d’une patrie nouvelle. Et ce carĂŞme, cĂ©lĂ©brĂ© entre le sang et la douleur de nous tous, doit ĂŞtre le prĂ©sage d’une transfiguration de notre peuple, d’une rĂ©surrection de notre nation. C’est pourquoi l’Église nous invite, dans le sens moderne de la pĂ©nitence, du jeĂ»ne, de la prière, des pratiques Ă©ternellement chrĂ©tiennes, Ă  nous adapter aux situations des peuples.

 

Ce n’est pas la mĂŞme chose de vivre un carĂŞme oĂą l’on doit jeĂ»ner dans ces pays oĂą l’on mange bien, qu’un carĂŞme chez les peuples du Tiers-Monde : affamĂ©s, en perpĂ©tuel carĂŞme, toujours en jeĂ»ne. Dans ces situations, pour ceux qui mangent bien, le carĂŞme est un appel Ă  l’austĂ©ritĂ©, Ă  se dĂ©tacher pour partager avec ceux qui en ont besoin. Par contre, dans les pays pauvres, dans ces foyers oĂą la faim est prĂ©sente, nous devons cĂ©lĂ©brer le carĂŞme comme une motivation qui donne un sens de croix rĂ©demptrice au sacrifice que nous vivons. Non pas avec un faux esprit de conformisme que Dieu ne veut pas, mais en sentant dans notre propre chair, les consĂ©quences du pĂ©chĂ© et de l’injustice. Cela nous stimule Ă  travailler pour la justice sociale avec un amour vĂ©ritable pour les pauvres.

 

Que notre carême soit un effort pour la justice sociale et l’amour aux pauvres!

 

Notre carême doit éveiller le sentiment de cette justice sociale. Nous faisons un appel, alors, pour que nous célébrions notre carême, en donnant à nos souffrances, à notre sang, à notre douleur, la même valeur que le Christ donna à sa situation de pauvreté, d’oppression, d’exclusion, d’injustice, convertissant tout cela en la croix salvatrice qui rachète le monde et les peuples. Je fais un appel également pour que, sans haine envers quiconque, nous nous convertissions en partageant nos consolations et aussi nos biens matériels, à l’intérieur de notre pauvreté, unis à ceux qui en ont peut-être davantage besoin. […]

 

C’est cela, la synthèse de ma pensĂ©e : Que le carĂŞme, en ce dimanche de la Transfiguration du Seigneur, nous rĂ©vèle le plan de Dieu. Plan amoureux, puissant, pour transfigurer les peuples en les sauvant de toutes leurs misères, injustices et pĂ©chĂ©s, pour les transformer en peuples de la beautĂ© Ă  partir de la justice et de la saintetĂ© du Christ lui-mĂŞme. Je vais dĂ©velopper cette idĂ©e, comme de coutume, dans les pensĂ©es suivantes :

 

Plan de l’homĂ©lie :

 

1) Le Christ transfiguré, terme et plénitude de l’histoire d’Israël

2) En Jésus-Christ transfiguré Dieu offre aux peuples un plan de Libération intégrale

3) Le Christ transfiguré est la présence anticipée d’une Libération définitive

 

1) Le Christ transfiguré, terme et plénitude de l’histoire d’Israël

 

A) L’histoire d’Israël est un élément fondamental dans la catéchèse du carême

 

C’est pourquoi, ce peuple que Dieu a choisi afin qu’il soit son peuple parmi toutes les nations du monde, Dieu le veut comme pour essayer en lui la Libération qu’Il allait offrir ensuite, par Jésus-Christ, à tous les peuples.

 

Israël fut choisi comme Peuple de Dieu

 

Israël est le modèle de l’Histoire du Salut, qui après le Christ, devient l’Histoire du Salut dans l’histoire de tous les peuples. C’est pour cela qu’il ne doit pas y avoir de peuples chrétiens qui, pendant le carême, ne remontent à l’histoire d’Israël pour apprendre, dans cette anticipation de Dieu que fut l’Ancien Testament, tout ce que Dieu veut réaliser aujourd’hui avec tous les peuples du monde.

 

B) Abraham : dĂ©but de l’Histoire du Salut sur fond d’histoire naturelle

 

C’est pour cela que la première lecture (Gn 15,5-12; 17-18) d’aujourd’hui nous prĂ©sente le dĂ©but de l’Histoire du Salut dans le patriarcat et le père de toute cette nation : Abraham. Jusqu’à Abraham, l’Histoire Ă©tait comme une toile sur laquelle un peintre va rĂ©aliser un tableau magnifique qui se nomme l’Histoire du Salut. Sur l’histoire universelle, sur l’histoire du monde, Dieu commence avec cette bride : « Abraham! », Ă  tisser les merveilles de l’Histoire du Salut qui s’entrelacent Ă  toutes les histoires des peuples du monde.

 

 

Deux promesses : Un Peuple nombreux et une Terre promise…

 

Objectif : le Christ

 

Selon les rites de ces peuples anciens, Dieu leur fait deux promesses. Premièrement, Il montre les Ă©toiles Ă  Abraham et lui dit : (Gn 15,) : « Lève les yeux au ciel et dĂ©nombre les Ă©toiles si tu peux les dĂ©nombrer Â» et Il lui dit : « Telle sera ta postĂ©ritĂ©. Â» Quiconque pourrait dire qu’il s’agit lĂ  d’une moquerie de Dieu Ă  l’endroit d’Abraham, dĂ©jĂ  vieux et stĂ©rile, sans fils, lorsqu’Il lui promet un peuple, une descendance aussi nombreuse que les Ă©toiles du ciel. Il lui promet Ă©galement (Gn 15,18) : « Ă€ ta postĂ©ritĂ© je donne ce pays Â». « C’est ici que va vivre cette nation qui va naĂ®tre de tes entrailles Â». De ces peuples, qu’Abraham considĂ©rait alors comme des peuples Ă©trangers, lui, un pèlerin de l’histoire, un homme sans patrie, sans sol, Dieu dit : « Je vais te donner un peuple nombreux et cela sera ta terre, ta patrie. Â»

 

Un pacte unilatéral de Dieu qui prend l’initiative et s’engage

 

Naturellement, Abraham dit au Seigneur (Gn 15,8) : « Ă€ quoi saurai-je que je le possĂ©derai? » Alors Dieu lui demanda d’accomplir ce rite des anciennes promesses, de sacrifier des animaux et de les sĂ©parer en deux. C’était le geste qu’on accomplissait lorsqu’on faisait un pacte. Entre les animaux partagĂ©s en deux passaient ceux qui juraient comme pour dire : si je n’accomplis pas la parole que j’ai donnĂ©e, que je sois taillĂ© en pièces comme cette bĂŞte. Et alors, au crĂ©puscule, la Bible nous relate cet Ă©vĂ©nement semblable Ă  celui d’Adam quand va naĂ®tre la première femme : « Un sommeil profond Â». Mais Abraham perçoit cependant le passage de Dieu sous la forme d’un « four fumant et un brandon de feu qui passèrent entre les animaux partagĂ©s (Gn 15,17). Â» Comme quelqu’un qui dit : Dieu a jurĂ© avec le serment coutumier, que sa parole n’est pas mensonge et que sa double promesse « d’une grande nation et d’une terre promise, va s’accomplir en son temps Â».

 

La foi : condition du peuple de Dieu. Tout auditeur est Fils d’Abraham

 

C’est ainsi que naĂ®t le peuple d’IsraĂ«l : d’un pacte de Dieu qui demande Ă  un homme, la foi. Ce sera lĂ  la caractĂ©ristique de la foi. C’est pourquoi Abraham est non seulement le père des Juifs qui naquirent pour peupler cette terre, mais il est Ă©galement le père du nouvel IsraĂ«l : le christianisme qui naĂ®t, prĂ©cisĂ©ment, par la foi. Nous, chrĂ©tiens, si nous croyons, nous sommes des fils et des filles d’Abraham, nous appartenons Ă  cette descendance nombreuse comme les Ă©toiles du ciel, et, comme les Ă©toiles du ciel, jamais ne s’éteindra cette race de la foi. Les chrĂ©tiens, rien ne pourra les anĂ©antir en ce monde…

 

Le Christ était l’objectif de cette initiative

 

Nous disions donc que toute cette histoire d’IsraĂ«l possède un terme, un but, une plĂ©nitude. Et la raison de cette Ă©lection d’Abraham, de cette Terre promise, de cette race privilĂ©giĂ©e par le Seigneur, c’est parce qu’en sa descendance seront bĂ©nis tous les peuples. Dans cette phrase se trouve insĂ©rĂ©e l’existence du Christ. Le Christ qui sera, en tant qu’homme, fils d’Abraham et de toute sa descendance. Marie, la vierge Ă©lue pour donner chair au Fils de Dieu, est une israĂ©lite; elle est une fille d’Abraham; elle est la fleur dans laquelle est atteint le but, le terme, la gloire de toute l’histoire d’IsraĂ«l : JĂ©sus-Christ Notre Seigneur. 02/03/80, p.288-290, VIII.

 

C) Jésus entre Moïse et Élie

 

La loi et les prophètes sont accomplis en Jésus-Christ

 

Quand nous voyons dans l’Évangile d’aujourd’hui (Lc 9,28-36) deux personnages marquants de l’Ancien Testament : MoĂŻse et Élie,- le grand lĂ©gislateur et le grand prophète du peuple,- nous voyons Ă©galement cette grande vĂ©ritĂ© que nous essayons de comprendre : que le Christ transfigurĂ©, entre MoĂŻse et Élie, est la plĂ©nitude de toute l’histoire d’IsraĂ«l. MoĂŻse et Élie reprĂ©sentent les patriarches, les prophètes. Tout ce fil d’or avec lequel Dieu tisse l’histoire d’IsraĂ«l, possède un objectif : nous amener le RĂ©dempteur, faire naĂ®tre de cette race le Fils de Dieu fait homme. Mais ce Fils de Dieu fait homme, est ici entre ces deux grands personnages qui sont les deux grands carĂŞmes d’IsraĂ«l.

 

Les deux grands carêmes sur le Sinaï, s’expliquent avec le Christ transfiguré

 

Le carĂŞme de MoĂŻse : quarante ans au dĂ©sert pour parvenir Ă  la Terre promise et quarante jours et quarante nuits s’entretenant avec Dieu sur le Mont SinaĂŻ, pour rapporter de lĂ  le DĂ©calogue Ă  son peuple. Le carĂŞme d’Élie : celui qui s’est Ă©cĹ“urĂ© de la vie Ă  cause de la persĂ©cution du peuple, entreprend un pèlerinage qui ressemble presque Ă  un suicide (I R 19,4) : « C’en est assez maintenant, YahvĂ©! Prends ma vie car je ne suis pas meilleur que mes pères. Â» Et il s’assoit auprès d’un arbuste du dĂ©sert pour attendre la mort quand un ange mystĂ©rieux le rĂ©veille et lui dit : « Lève-toi et mange! » C’était le pain mystĂ©rieux avec lequel Dieu l’alimenta et l’ange lui dit (19,7) : « Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi. Â»

 

Les ThĂ©ophanies : Les nuages et la voix du Père, Signes de l’Ancien Testament de la PrĂ©sence de Dieu.

 

Elie marcha 40 jours au dĂ©sert jusqu’à ce qu’il se retrouve au pied du SinaĂŻ oĂą il eut Ă©galement une autre « thĂ©ophanie Â» : il sentit un ouragan, mais Dieu ne s’y trouvait pas. Il sentit un tremblement de terre, mais Dieu n’était pas dans le tremblement de terre. Pour finir, passa une brise lĂ©gère qui lui dit : « Dieu va passer. Â» C’est ainsi que Dieu parle dans l’intimitĂ© de la prière; c’est ainsi que se personnifie le dialogue avec le Seigneur : il est fort comme l’ouragan et comme un tremblement de terre devant les injustices et les pĂ©chĂ©s du peuple, et il apparaĂ®t tendre et doux avec les prophètes qui doivent annoncer des choses si terribles aux peuples qui ne veulent pas se convertir.

 

La gloire en Jésus-Christ…

 

Ainsi, entre ces deux carĂŞmes, (MoĂŻse et Élie) apparaĂ®t le grand protagoniste du carĂŞme chrĂ©tien : le Christ Notre Seigneur. Il nous dit que toutes ces « thĂ©ophanies Â» qui se manifestent dans les nuĂ©es, dans la voix du Père, dans la splendeur du SinaĂŻ, se produisent ici et qu’il ne s’agit plus de voix mystĂ©rieuses des Ă©lĂ©ments de la nature. Maintenant, il s’agit du Christ lui-mĂŞme.

 

Le Christ est la gloire de Dieu prĂ©sent sur la Terre, humble et simple fils de la Vierge, mais qui porte en lui, cachĂ©e, toute une divinitĂ©. Et, en cette heure de la transfiguration, Christ Notre Seigneur se prĂ©sente comme un nuage oĂą Dieu s’insère. Tout le secret de Celui qui le cachait se dĂ©couvre, pour se manifester dans la gloire de Dieu, de telle sorte qu’ils entendent du ciel qu’Il est Celui qui est venu Ă  l’Histoire : « Celui-ci est mon Fils, l’Élu, Ă©coutez-le. Â» La grande rĂ©vĂ©lation! Bienheureux les chrĂ©tiens qui n’attendent pas le Christ comme l’espĂ©raient les IsraĂ©lites, mais qui le vivent comme dĂ©jĂ  prĂ©sent dans notre histoire.

 

Évocation de l’Exode dans la conversation au sujet de son départ pour sa passion, sa Mort-Résurrection

 

MoĂŻse et Élie parlaient un langage douloureux, celui de la passion. C’est ainsi que saint Luc nous les prĂ©sente (9,31). Ils parlaient de son exode, de son dĂ©part de ce monde, de sa sortie dans la douleur, sortie sur la croix, humiliante, mais pour ressusciter dans la gloire d’une Pâque qui ne connaĂ®tra pas de fin. C’est le signal de tous les peuples que Dieu aime : souffrir des douleurs de l’accouchement qui vont produire des gĂ©nĂ©rations nouvelles, de nouveaux peuples. Faisons en sorte, frères, que le Christ soit au milieu de notre processus populaire. Travaillons pour que le Christ ne s’éloigne pas de notre histoire. C’est ce qui est le plus intĂ©ressant en ce moment de la patrie : que le Christ soit la gloire de Dieu, le pouvoir de Dieu, et que le scandale de la croix et de la douleur ne nous fasse pas fuir le Christ, rejeter la souffrance mais plutĂ´t l’embrasser. 02/20/80, p.290-291, VIII.

 

2) En Jésus-Christ transfiguré Dieu offre aux peuples un plan de Libération intégrale

 

C’est maintenant l’heure des projets politiques au Salvador.

Projets politiques qui ne valent rien tant qu’ils ne reflètent pas le projet de Dieu. Et la mission du pasteur, la mission de l’Église, n’est pas d’entrer en compétition en proposant un autre projet, mais, avec l’autonomie et la liberté des fils de Dieu et de l’Évangile, indiquer le bon qu’il peut y avoir dans chaque projet pour l’encourager ainsi que le mauvais qui peut exister dans n’importe quel projet, pour le dénoncer et en finir avec lui.

 

A) « Celui-ci est mon Fils, l’Élu, Ă©coutez-le. Â»

 

Nous avons le projet de Dieu en JĂ©sus-Christ prĂ©sent sur la montagne sainte, transfigurĂ© comme modèle de l’être humain et une voix du Ciel qui dĂ©clare digne cet homme : « Celui-ci est mon Fils, l’Élu, Ă©coutez-le. Â» Le projet de Dieu doit prĂ©valoir sur tous les projets humains si ces derniers veulent ĂŞtre de vĂ©ritables projets humains et non des projets inhumains. L’Église doit toujours garder en vue l’être humain. Il est l’étoile qui guide son chemin, souvent incompris ou calomniĂ©, parce que plusieurs voudraient faire prĂ©valoir leurs projets temporels. Rien n’importe davantage Ă  l’Église que la personne humaine. L’homme est fils de Dieu. C’est pour cela qu’il nous est si douloureux de recueillir des cadavres torturĂ©s. Pour l’Église, le but de tous les projets doit ĂŞtre ce Dieu : le fils, l’homme. Tout humain est fils de Dieu et en chaque homme tuĂ© est prĂ©sent un Christ sacrifiĂ© que l’Église vĂ©nère Ă©galement…

 

Les deux termes de l’Histoire du Salut : la libĂ©ration et la promotion

 

Dans les lectures d’aujourd’hui, Dieu nous rĂ©vèle les deux extrĂ©mitĂ©s de son projet : libĂ©rer de quelque chose, pour promouvoir vers quelque chose. LibĂ©rer de quelque chose, secouer l’injustice, Ă©loigner le pĂ©chĂ©, racheter l’être humain du mal.

 

Il n’existe pas de véritable libération s’il n’y a pas d’abord une libération du péché, racine de tous les esclavages

 

C’est ici que se trouve la cause de toutes les injustices qui se succèdent dans l’histoire : le pĂ©ché… Et c’est pourquoi il ne peut y avoir de libĂ©ration authentique tant que l’être humain ne se libère pas du pĂ©ché… Les groupes de libĂ©rations qui surgissent dans notre patrie devraient tenir compte de cela : que la première libĂ©ration que doit rechercher un regroupement politique qui dĂ©sire vraiment la libĂ©ration du peuple, doit ĂŞtre de se libĂ©rer lui-mĂŞme de son propre pĂ©chĂ©. Tant qu’il demeurera esclave du pĂ©chĂ©, de l’égoĂŻsme, de la violence, de la cruautĂ©, de la haine, il ne sera pas apte Ă  libĂ©rer le peuple.

 

Si le Père a voulu rendre sa misĂ©ricorde et son amour prĂ©sents en JĂ©sus-Christ, en leur donnant chair humaine, c’est parce qu’Il voulait que cette chair humaine du Christ soit un jour clouĂ©e sur une croix comme prix, comme signe de ce qu’est pour Dieu le pĂ©chĂ©. Ainsi le pĂ©chĂ©, est la mort. C’est pour cela que, oĂą la mort est prĂ©sente, règne le pĂ©chĂ©. La mort est un signe Ă©vident que le pĂ©chĂ© règne. Il est effrayant de penser au nombre de morts que nous retrouvons en cette patrie, de penser que les chemins sacrĂ©s de notre sol sont imprĂ©gnĂ©s toujours plus de sang humain. Le pĂ©chĂ© règne au Salvador et les libĂ©rateurs de notre pays doivent commencer par-lĂ  : arracher le pĂ©chĂ© de notre sol.

 

C’est cela, le projet de Dieu. C’est là que débute son projet. Vouloir maintenir l’injustice sociale, c’est vouloir introniser le péché et mettre Dieu à part. Les projets qui sont uniquement montés pour maintenir ces privilèges scandaleux, ne peuvent être de Dieu.

 

C’est cela, le terme négatif de la Rédemption. Le Christ vint pour nous sauver du péché et cela lui coûta très cher. Autant de douleurs et de souffrances! Ne l’oublions pas pendant ce carême. Le Christ crucifié me dit à moi-même, qu’avant de parler ou de critiquer les autres, je dois me regarder moi-même, parce que moi aussi je L’ai cloué sur la croix par mes péchés et tant que je ne me serai pas amendé en recherchant la libération de ma propre conscience pour me faire fils de Dieu, j’aurai moi-même besoin de libération.

 

Promouvoir jusqu’à la dignité de participer à la vie de Dieu

 

C’est pourquoi, le second terme positif, merveilleux, est que ces hommes arrachĂ©s au pĂ©chĂ©, Dieu les Ă©lève jusqu’à la dignitĂ© de ses propres fils : « Celui-ci est mon Fils! » Il n’y a rien de plus beau, et la conscience mĂŞme le ressent, lorsque, dans un Ă©tat de grâce de Dieu, quelqu’un s’est peut ĂŞtre libĂ©rĂ© d’un pĂ©chĂ© qui lui causait de la rĂ©pugnance, du dĂ©goĂ»t, de l’horreur envers lui-mĂŞme. Frères, pardonnez la franchise, mais qui d’entre-nous n’a pas dĂ©jĂ  senti le dĂ©goĂ»t du pĂ©chĂ©? Et, nous tous qui sommes rĂ©unis ici, puisions-nous dire dorĂ©navant que nous avons senti la joie de la RĂ©demption, nous avons senti la vĂ©ritable promotion d’être fils de Dieu, pardonnĂ© par Dieu, hĂ©ritier de Dieu, frères du Christ, race Ă©ternelle.

 

Le Christ situe au sommet du mont Tabor l’image magnifique de la libération. C’est ainsi que Dieu nous veut, libérés du péché et de la mort, de l’enfer, vivant sa vie éternelle, immortelle, glorieuse. C’est notre destinée. Et parler de ce ciel ce n’est pas de l’aliénation, mais plutôt une motivation pour travailler avec plus d’entrain, d’ardeur aux grandes responsabilités de la Terre. Personne ne travaille la Terre et la libération politique des peuples avec autant d’enthousiasme que celui qui espère que les luttes libératrices de l’histoire s’incorporeront à la grande Libération du Christ. Quand nous savons que tout ce que nous semons en ce monde - comme nous dit le Concile - en justice, en paix, en paroles d’amour, en appels à la cordialité, tout cela nous le rencontrerons transfigurés dans la beauté de notre récompense éternelle.

 

Puebla : La VĂ©ritĂ© sur l’homme…

 

Le Christ est le modèle du plan libĂ©rateur de Dieu. J’ai ici une très belle page du Document de Puebla oĂą, suivant le schĂ©ma du Pape Jean-Paul II lorsqu’il inaugura cette rĂ©union des Ă©vĂŞques, elle recueille les trois grandes thĂ©ologies de l’AmĂ©rique latine : la thĂ©ologie sur le Christ, sur l’Église et sur les hommes.

 

Ces pages sur l’être humain je vous recommande (surtout ceux qui ressentent les inquiĂ©tudes sociales et politiques) de non seulement les lire, mais de les Ă©tudier parce que l’on ne peut ĂŞtre un bon politicien, un bon stratège de la sociologie, sans tenir compte de l’être humain, et l’Église, en ce continent, a beaucoup Ă  dire sur ce sujet. Surtout, quand elle regarde l’homme dans ce triste dĂ©filĂ© que nous dĂ©crit Puebla : « Visages de paysans sans terre, outragĂ©s et tuĂ©s par les forces et les pouvoirs. Visages d’ouvriers remerciĂ©s sans dĂ©dommagement, sans salaire suffisant pour faire vivre leur famille. Visages de gens âgĂ©s, visages de marginalisĂ©s, visages d’habitants des bidonvilles, visages d’enfants pauvres qui dès leur enfance commencent Ă  sentir la morsure cruelle de l’injustice sociale. Â» Et pour eux, il semble qu’il n’y ait pas d’avenir. Pour eux, il n’y aura pas d’école, ni de collèges, ni d’universitĂ©. De quel droit pouvons-nous catĂ©goriser des hommes de première classe et d’autres de seconde classe, quand dans la thĂ©ologie de l’être humain il n’existe qu’une seule classe, celle des enfants de Dieu? 02/03/80, p.291-294, VIII.

 

 

B) Les ennemis de la Croix du Christ sont ceux qui n’aspirent qu’aux choses terrestres

 

Dans la seconde lecture d’aujourd’hui (Ph 3,17-4,1) saint Paul nous parle de ce Christ en qui Dieu nous offre les projets de la vĂ©ritable LibĂ©ration, et oppose aux disciples du Christ, les ennemis de la Croix du Christ qui ne recherchent que leurs bĂ©nĂ©fices temporels. « Ils n’aspirent qu’à des choses terrestres, leur dieu est leur ventre, leur gloire est leur honte. Â» Ce sont lĂ  des phrases dures de saint Paul pour disqualifier ces projets de l’histoire qui ne recherchent que les biens temporels. Il prĂ©sente aussi le grand projet de Dieu qui veut introduire dans les projets de la Terre, son grand projet divin. Ce Dieu qui, depuis la rĂ©surrection, nous dit que le chrĂ©tien est un habitant de l’éternitĂ©, qui marche comme un pèlerin sur cette Terre, la travaillant, parce qu’il doit rendre des comptes Ă  Dieu, mais sachant que sa patrie dĂ©finitive est lĂ  oĂą le Christ vit pour toujours et oĂą nous serons heureux avec Lui, le grand LibĂ©rateur des peuples. Les hommes libĂ©rĂ©s seront ceux qui ont fait leur, ce que saint Paul appelle (Ph 3,21) : « cette force qu’Il a de pouvoir mĂŞme se soumettre toutes choses. Â»

 

La force de se soumettre toutes choses

 

Frères, ne soyons pas faibles lorsque nous parlons comme chrĂ©tiens de notre foi en JĂ©sus-Christ. Personne ne possède la force d’un chrĂ©tien quand il a la foi dans le Christ qui vit et qu’il puise son Ă©nergie en Dieu. Quel dirigeant de l’humanitĂ© peut dire Ă  ses disciples qu’ils vivront Ă©ternellement? Quel victorieux de ce monde peut indiquer Ă  toute l’humanitĂ© la grande victoire sur sa mort et sa RĂ©surrection? Ce ne sont pas lĂ  de fausses considĂ©rations, c’est la rĂ©alitĂ© fondamentale de notre foi chrĂ©tienne. Le Christ est ressuscitĂ© et la mort ne le dominera plus. Le destin de ce Christ ressuscitĂ© est de soumettre toute l’histoire Ă  son empire pour qu’un jour Il puisse livrer Ă  Dieu le règne de l’univers : règne cosmique, règne des hommes, de l’histoire, règne sur ses ennemis qui comparaĂ®tront enchaĂ®nĂ©s sous le pouvoir de Christ qui vaincra pour toujours.

 

C’est cela, notre foi qui a vaincu le monde, disait le Christ, et c’est pourquoi le projet de Dieu compte sur la plus grande Ă©nergie qui soit. Ce n’est pas un projet impopulaire, c’est un projet qui compte sur l’appui et l’amour de tous les disciples de l’Évangile et qui s’est fait dĂ©jĂ  - nous dit le Concile - une nuĂ©e de tĂ©moins : tout le saint et le bon qui vit dans l’Histoire. Nous pensons que nos morts se sont Ă©loignĂ©s de nous. Mais en fait, leur Ciel, leur rĂ©compense Ă©ternelle, les perfectionnent dans l’amour et ils continuent d’aimer les mĂŞmes causes pour lesquelles ils sont morts. Ce qui signifie qu’au Salvador cette force libĂ©ratrice ne compte pas seulement sur ceux qui demeurent vivants, mais Ă©galement sur tous ceux qu’ils ont voulu tuer mais qui sont plus prĂ©sents que jamais dans ce processus du peuple…

 

[Applaudissements]

 

C’est pourquoi, nous nous intĂ©ressons en vĂ©ritĂ© Ă  tous les libĂ©rateurs de l’histoire de notre peuple et de tous les peuples des AmĂ©riques et du monde. Je n’oublie pas qu’on nous Ă©coute au Costa Rica, au travers des ondes courtes de la radio Noticias del Continente, ainsi que dans de nombreux pays du continent et que le silence de notre radio a produit un vĂ©ritable miracle : celui de faire entendre ma voix au-delĂ  des frontières de notre pays. Je recueille ces applaudissements d’une Église pleine pour leur envoyer nos salutations et leur dire que cette foi chrĂ©tienne, la foi dans le Christ est celle qui donne sa vĂ©ritable valeur Ă  tous les processus libĂ©rateurs de nos pays latino amĂ©ricains. Je me rĂ©jouis que l’intransigeance de ceux qui ont voulu faire taire la voix de la YSAX, ait ouvert des horizons si vastes Ă  cette voix de la petite Église du plus petit pays du continent, et qu’à partir d’ici nous puissions prononcer cette parole libĂ©ratrice… 02/03/80, p.294-295, VIII.

 

 

3) Le Christ transfiguré est la présence anticipée d’une Libération définitive

 

Images de la RĂ©surrection.

 

Je l’ai déjà dit mais je veux me centrer sur l’Évangile d’aujourd’hui. Ce Christ qui s’est transfiguré peu de jours avant de souffrir le Calvaire, nous dit quel est le but de la souffrance à laquelle Il invite ses apôtres et les chrétiens.

 

Exhibition de sa gloire cachée

 

La thĂ©ologie de la transfiguration nous dit que le chemin de la RĂ©demption passe par la croix et par le calvaire, mais qu’au-delĂ  de l’Histoire se trouve le but des chrĂ©tiens. Non pas pour nous aliĂ©ner de l’Histoire, mais pour donner plus de sens Ă  l’Histoire, un sens dĂ©finitif. Depuis le jour oĂą le Christ ressuscita, demeura allumĂ©e dans cette mĂŞme Histoire, une torche de l’éternitĂ©. Depuis le jour oĂą le Christ ressuscita dans l’Histoire des hommes, les humains comptent maintenant sur une motivation qui n’avait jamais existĂ©e auparavant pour personne : le Christ vit et celui qui travaille avec Lui vivra Ă©ternellement.

 

 

Dérivés de la Résurrection

 

« Notre citĂ© se trouve dans les cieux, d’oĂą nous attendons ardemment comme Sauveur, le Seigneur JĂ©sus Christ. (Ph 3,20) Â» Depuis que le Christ ressuscita et se transfigura pour tous les hommes dans l’Histoire, le Christ dit Ă  tous ses fidèles : « Celui qui croit en moi, ne mourra pas pour toujours. Â» Ce Christ est Celui qui enthousiasme saint Paul quand il Ă©crit cette Ă©pĂ®tre que nous avons lue aujourd’hui, oĂą il dit aux premiers chrĂ©tiens : « Nous sommes des citoyens du Ciel, d’oĂą nous attendons un Sauveur qui nous donne l’énergie pour tout soumettre sous ses pieds. Â»

 

Je crois que nous, chrĂ©tiens, sommes appelĂ©s Ă  offrir Ă  l’histoire du continent latino amĂ©ricain, ces hommes et ces femmes nouvelles dont les Ă©vĂŞques rĂ©unis Ă  MedellĂ­n parlaient lorsqu’ils dirent : « Rien ne sert de changer les structures Ă©conomiques, sociales et politiques, il ne sert Ă  rien d’avoir des structures neuves s’il n’y a pas d’hommes nouveaux pour les faire fonctionner. Â» Et ces hommes nouveaux, ces hommes rĂ©novĂ©s, ce sont ceux qui, avec leur foi dans la RĂ©surrection de JĂ©sus-Christ, font leur, cette thĂ©ologie grandiose de la transfiguration. Ils n’ont pas peur de souffrir, ils embrassent la croix non pas avec un esprit de conformisme mais comme Marie, qui Ă  partir de sa pauvretĂ© et de sa souffrance sut dire : « Il a renvoyĂ© les riches les mains vides et a comblĂ© de biens les humbles; il a renversĂ© de leur trĂ´ne les puissants quand ils se convertissent en idolâtres de leur propre pouvoir… Â»

 

C’est pourquoi la prière que nous avons élevée au début de notre messe demande au Seigneur qu’Il purifie notre regard pour qu’un jour également il se remplisse de joie dans la contemplation de sa gloire. Frères, ne perdons pas de vue cette transcendance du message chrétien; aussi grandes que soient les préoccupations et les responsabilités des luttes pour le peuple, ne nous contentons pas des énergies immanentes, sans transcendance. Je voudrais qu’il y ait de nombreux politiciens, de nombreux jeunes, ainsi que des hommes qui s’organisent, mais que ce soit avec un grand et un profond sens chrétien afin qu’ils puissent apporter ce témoignage de la transcendance à ce processus de notre peuple qui nécessite, aujourd’hui plus que jamais, le témoignage chrétien.

 

C’est pourquoi, le processus libérateur de notre patrie peut être très sûr que l’Église ne l’abandonnera pas, qu’elle continuera de l’accompagner, mais avec sa voix authentique de l’Évangile, de la transcendance du Christ. L’Église continuera de rappeler à tous les libérateurs de l’histoire que, s’ils veulent être forts et efficaces, ils doivent mettre leur confiance dans le grand Libérateur Jésus-Christ et ne pas s’éloigner de Lui. Et surtout, faites bien attention d’enlever au peuple ces sentiments chrétiens qui les rendent si nobles et si généreux. Ces réflexions que nous avons faites sur le Christ transfiguré et notre carême, sont celles que nous essayons d’incarner dans notre Église comme archidiocèse. 02/03/80, p.295-297, VIII.

 

Me sont parvenues de nombreuses lettres Ă©crites avec le langage simple de la campagne, ce qui me remplit de beaucoup d’émotions, parce que vraiment nous pouvons y sentir le grand bien que faisait notre radio et le grand mal qu’ont commis les ennemis de l’Église en lui enlevant cette voix. Puisse Dieu, qu’ils ne le fassent pas une autre fois, que le carĂŞme les convertisse et qu’ils sachent discuter comme des hommes. Les raisons se combattent avec des raisons s’ils ne sont pas d’accord… Mais que l’on n’utilise jamais la force brute pour faire taire une voix de la vĂ©ritĂ© qui peut sembler très fragile au sens physique. Souvenez-vous du gĂ©ant Goliath qui se riait du petit David parce qu’il allait Ă  sa rencontre seulement avec une fronde, et David lui dit : tu te ris parce que tu te fies dans ton armement; je viens Ă  toi au nom du Seigneur. Et le nom du Seigneur propulse sa fronde et la pierre se plante dans le front du gĂ©ant et il est vaincu par le petit David. Ce sont les actions de Dieu… La vĂ©ritĂ© physiquement peut ĂŞtre très faible comme le petit David, mais pour aussi grand, aussi armĂ© que soit le mensonge, il n’est rien d’autre qu’un fantastique Goliath qui tombera par terre sous le coup de fronde de la vĂ©ritĂ©. 02/03/80, p.298, VIII.

 

Le Pape dĂ©clarait rĂ©cemment ce que je veux dĂ©clarer aussi : le programme qui choisit la mort des hommes innocents ne dĂ©montre pas possĂ©der une vĂ©ritĂ© quelconque avec laquelle il puisse prĂ©tendre vaincre, avec laquelle il puisse conquĂ©rir les cĹ“urs et les consciences et servir le vĂ©ritable progrès de l’homme. Au contraire, ne serait-ce pas plutĂ´t que la violence est le geste le plus Ă©loquent qui dĂ©montre que celui qui tue ne possède pas de raison ou encore, que ses raisons sont très faibles. La violence n’honore aucun mouvement. 02/02/80, p.299-300, VIII.